SPECTRUM ORCHESTRUM

Ces adeptes de l’improvisation
sauvage s’accoutumèrent en effet
à entendre apparaître, au coeur du
Chaos sonore qu’ils généraient,
une certaine entité singulière, un
quelque chose de mystérieux qu’ils
qualifièrent spontanément de
« spectral ». Ils comprirent peu à
peu qu’ils n’avaient été réunis que
pour se vouer au service de cette
énigmatique créature, qu’ils nommèrent
SPECTRE, et pour oeuvrer
à Sa manifestation sonique... Selon
le Professeur Abronsius, titulaire de
la Chaire de Spectrologie Comparée
de l’université de Königsberg, et
auteur du célèbre Spectre, mon ami, la
musique écrite ou improvisée qu’ils
se mirent alors à créer peut être perçue
comme :
— synthétique, une et multiple
à la fois, explorant les confins du
free-jazz, du rock progressif et
des musiques expérimentales, à la
recherche des ondes du spectral...
— dynamique, naviguant entre le
clair et l’obscur, entre l’éthéré et le
tellurique, faite de superpositions
et de montages, violents ou subtils,
de lentes montées et de ruptures
soudaines où se décharge l’énergie
orgonique accumulée...
— psychédélique, projetant l’auditeur
dans un labyrinthe d’images
dont l’effet hypnotique est celui
qu’engendrerait un film-rêve réalisé
en commun par David Lynch,
Andreï Tarkovski, Dario Argento et
Jess Franco...
— expressionniste, nourrie d’improvisation
et magnétiquement
orientée vers l’ébullition magmatique
de l’ici-et-maintenant,
passager et unique, sur le fil du
rasoir.
Bref, il s’agirait d’une musique
« bizarrement belle, hétérodoxe et
HANTÉE », selon Abronsius qui
ajoute qu’un « phénomène de possession
fantomatique de ce genre,
fréquent dans les musiques africaines
ou orientales, n’est pas unique
dans l’histoire de la musique occidentale.
On en trouve des preuves
récentes dans les univers sonores de
SUN RA, MAGMA, MWANDISHI
(Herbie Hancock), FAUST,
KING CRIMSON, FUNKADELIC,
ROBERT WYATT, GOBLIN, THIS
HEAT, NAKED CITY ( John Zorn),
FANTÔMAS, SECRET CHIEFS 3,
BLACK HOST... »
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